Moins connues que la Retirada, dont l’année 2024 marque les 85 ans, d’autres vagues d’arrivées de réfugié·es espagnol·es en France se sont produites dès 1936. Le livre d’Isabelle Le Boulanger, intitulé L’exil espagnol en Bretagne, 1937-1940, permet de mieux comprendre comment la Bretagne s’est organisée pour accueillir, héberger les exilé·es.

Tout comme les autres départements de l’ouest, l’Ille-et-Vilaine a particulièrement été concernée par la vague du printemps 1937, qui fait suite à la défaite républicaine au Pays basque. En effet, de nombreuses personnes ont fui la région, ainsi que les Asturies, par bateau et sont arrivées dans les ports de Bordeaux, La Rochelle, Saint-Nazaire, Lorient. De là, les autorités préfectorales les ont réparties dans différents départements de France, en commençant par ceux de l’ouest.

En Ille-et-Vilaine, les réfugié·es espagnol·es de 1937 sont accueilli·es dans quatre villes :

  • Redon, hébergement dans l’ancienne maison d’arrêt
  • Vitré, hébergement dans l’ancienne maison d’arrêt
  • Saint-Jacques-de-la-Lande, hébergement dans les camps de Verdun et de la Marne appartenant à l’armée
  • Rennes, hébergement à la Piletière, bâtiment loué par le directeur de l’asile Saint-Méen, et dans un immeuble situé au 23 de la rue d’Inkermann
(Hospice de la Piletière au début du XXe siècle, ADIV 8 Fi 183)

De la même manière que pour les réfugié·es espagnol·es de la Retirada, les sources hospitalières permettent de compléter les connaissances sur ces personnes. Celles qui ont dû être hospitalisées ont été inscrites dans le registre d’entrée coté 2H-DEPOT 1Q165. En reflet des types de populations qui ont fui, on y trouve :

  • Peu d’hommes, et parmi eux un homme âgé et quatre adolescents âgés de 12 à 15 ans
  • 12 femmes âgées de 17 à 65 ans, dont deux meurent à l’hôpital
  • 38 enfants, âgés de 3 mois à 11 ans
Extrait d’un registre d’entrées, ADIV 2H-DEPOT 1Q165

Ces derniers sont notamment touchés par les maladies infectieuses infantiles : il y a quelques cas de coqueluche, de scarlatine, de varicelle…et une conséquente épidémie de rougeole qui sévit à la Piletière et au camp de Verdun. Plusieurs adultes et enfants souffrent par ailleurs de dermatoses.

Les entrées à l’Hôtel-Dieu commencent le 9 juillet 1937 et les dernières sorties se produisent le 11 octobre 1937, soit au moment de la mise en place d’un accord entre la France et la République espagnole pour un retour des exilé·es en Espagne, pour certain·es via la Catalogne, alors encore républicaine.


Pour aller plus loin

Dans le cadre des commémorations du 85e anniversaire de la Retirada, l’exil des républicains espagnols et du 80e anniversaire de la Libération, le Département d’Ille-et-Vilaine via les Archives départementales 35 propose une programmation croisée composée d’une exposition photographique, de conférences, de projections de documentaires et d’une série documentaire à suivre en ligne.

La programmation est à découvrir sur le site internet des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

Lydie Porée – Archives départementales d’Ille-et-Vilaine