L’album publiciaire Lefevre-Utile (Les contemporains célèbres portraits, autographes, notices biographiques illustrées, portraits humoristiques des célébrités contemporaines Première série, Paris, Octave Beauchamp, 1904.) dont il a été question dans le billet en hommage à Sarah Bernhardt mérite qu’on s’y attarde un instant, notamment parce que cette première série est la seule parue.

Album Lefèvre-Utile 375493         Les contemporains célèbres

Au format in-quarto, son dos est toilé. Les plats en bois sont illustrés d’une composition florale en couleurs sur le premier plat, incrusté d’un médaillon en ivoirine à l’effigie de Sarah Bernhardt dans « Princesse lointaine » réalisée par Mucha et d’une cigogne sur le second plat. Les gardes de papier de soie gaufré vert figurent une composition de cygnes entrelacés.

L’album, imprimé sur papier glacé est richement illustré de 14 lithographies originales en couleur, 14 portraits humoristiques de Leonetto Cappiello et 28 photographies d’après les clichés de Nadar, Reutlinger et Petit.

Une notice biographique de Paul Acker imprimée sur beau vergé, et un petit portrait à la sanguine de Vogel orné d’une décoration Art nouveau, composée de motifs floraux en couleur signée d’Albert-Dys, Orazi et Fraikin et accompagnées de fac-similés d’autographes, complète l’ensemble.

Dix-huit des vingt-huit personnalités, vantant le mérite du Petit-beurre LU, appartiennent à l’univers du Théâtre ou de l’Opéra. Fait notable pour l’époque, la parité est entièrement respectée !

Album Lefèvre-Utile. Mlle Marthe Brandès, illustration
Album Lefèvre-Utile. Mlle Marthe Brandès

Selon Louis Lefèvre-Utile, « pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’oeil ».

À la fin du XIXe siècle, le jeune entrepreneur va faire basculer la pâtisserie familiale de ses parents, Jean-Romain Lefèvre et Pauline Utile, dans l’ère de la modernité, avec la construction d’un véritable « château du biscuit », Lieu Unique du patrimoine industriel de Nantes.

Avec un sens aigu de la publicité, il utilise tous les moyens de promotion commerciale de son époque (images, affiches, boîtes, calendriers, objets) et fait appel à des créateurs de renom (Alfons Mucha, Benjamin Rabier, Firmin Bouisset) afin de renforcer le prestige de la marque.

Pour parachever cette réussite économique familiale, il met au point la création d’un produit-phare, le Petit Beurre, dont la composition et la forme sont déposées au tribunal de commerce de Nantes en 1888 et décrit en 1899 dans la Revue des spécialités alimentaires comme « un biscuit vraiment français, vraiment breton, avec un point de sucre, un nuage de lait, un doigt de ce beurre succulent qui a valu à nos départements armoricains une renommée universelle ». Si la Belle Époque correspond à l’âge d’or du biscuit, produit prisé de la bourgeoisie, il faudra attendre l’après-guerre pour que sa consommation se banalise, avec la saveur des souvenirs d’enfance.

Catherine, Rennes, Bibliothèque Les Champs Libres

Album Lefèvre-Utile. Mme Sarah Bernhardt, illustration
Album Lefèvre-Utile. Mme Sarah Bernhardt

Sources :

L’art et les biscuits, la publicité de la firme Lefèvre-Utile de 1897 à 1914, Georges Herscher, Ed. du Chêne, 1987.

L’industriel et les artistes, Lefevre-Utile à Nantes, Musée du château des Ducs de Bretagne et Ed. Memo, Nantes, 1999.

Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, les hommes et les femmes qui ont fait la Loire-Atlantique, Bernard Le Nail, Le temps éditeur, 2010.

LU, une aventure nantaise, Bertrand Guillet, Editions du château des Ducs de Bretagne, 2018.