Vue perspective de la place du palais avec la statue équestre de Louis XIV, 1780, 6 Fi 15.

En 1685, le gouverneur de Bretagne, Charles d’Albert d’Ailly, propose l’érection d’une statue de Louis XIV dans la région, afin de symboliser le rattachement et la fidélité de la région au royaume, notamment suite à la révolte du papier timbré en 1675. La proposition est acceptée par le roi, qui désigne la ville de Nantes pour accueillir cette statue à son effigie. En effet, malgré le fait que Rennes soit reconnue comme capitale politique de la Bretagne du fait de son Parlement, ce dernier est alors exilé à Vannes.
Nantes, quant à elle, est dotée d’un port, ce qui lui confère une dimension économique indéniable. La réalisation de la statue est confiée au sculpteur Antoine Coysevox et représente le roi habillé en empereur romain chevauchant un cheval. Cette statue équestre devient un enjeu de rivalité entre les villes de Nantes et Rennes, à la fois symbole de reconnaissance de la puissance politique d’une ville et marque d’asservissement au pouvoir royal.
Il faut attendre 1715 pour que le choix en faveur de la ville de Rennes ne soit tranché.


Très en vogue au XVIIIe siècle, la statuaire équestre n’en reste pas moins très onéreuse, par la complexité de sa fabrication et les coûts induits de transport et de pose. Le choix de la ville de Rennes effectué, il faut réfléchir à la logistique et au financement. Cependant, en ce début de XVIIIe siècle, la ville possède encore une physionomie médiévale, sans place véritablement adaptée à l’apparat. Autre élément d’importance : le coût du transport. Par délibération du 13 décembre 1713, les États de Bretagne assument financièrement les coûts induits par le déplacement de la statue équestre de Paris à Nantes, mais laissent les frais de son déplacement de Nantes à Rennes à la charge de la ville de Rennes. Mais celle-ci est particulièrement appauvrie par les sanctions financières imposées par le royaume de France suite à la révolte du papier timbré. C’est ainsi qu’au mois de juillet 1715, la statue équestre entame son périple pour rester bloquée à quai à Nantes ! De ce fait, la statue n’a pas le temps d’être érigée avant la mort du roi Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715.
En décembre 1720, la ville de Rennes connait un incendie de grande ampleur qui détruit les trois quarts du centre-ville. La Communauté de ville se trouve à bout de ressources. Elle reçoit alors des aides financières de l’État, afin de reconstruire la ville et reloger les habitants. Un plan de reconstruction est engagé par l’ingénieur Robelin, puis l’architecte du roi Gabriel, dans lequel est prévue la création de deux nouvelles places royales. La statue équestre trouve alors un endroit tout destiné : la nouvelle place du Palais !

« […] Après que les secours que notre maiesté vient d’accorder à nos besoings les plus pressans sur quelqu’autre bien est capable de diminuer l’affliction d’un peuple désolé, c’est l’espoir de contempler bientost dans ce portrait l’Eclat de la Maiesté et de touttes les vertus dont nous […] hévité de cet auguste monarque. Le feu qui a consumé la plus grande partie de nostre ville facilite cette exécution et a peu de frais, puisqu’il nécessite de changer l’entier plan pour en faire un nouveau et plus régulier où il se trouverra des places publiques assez grandes pour placer cette statue, dont l’aspect animera nos habitans et les encouragera à travailler avec empressement au rétablissement et à la décoration de leurs édifices. La communauté de Rennes qui connoist la nécessité de la faire venir et de la placer au plus tôt, se trouve malheureusement dans l’impuissance de fournir aux frais du transport depuis Nantes à cause des billets de banque qu’elle a receus en payement du prix de ses baux et du résiliment obtenu par ses fermiers. […] » (lettre de la communauté de ville de Rennes, adressée au roi Louis XV, 12 février 1724, DD

Découvrez une sélection de documents d’archives sur la statue équestre de Louis XIV.
Ecoutez le podcast Raconte-moi Rennes « Rennes – Nantes : la statue de la discorde ». 341)                                                                                                                                         A suivre…