Les Archives du Finistère proposent un retour sur l’examen fétiche de la IIIe et IVe République : le Certificat d’Études Primaires. Véritable lieu de mémoire scolaire, cet examen alimente encore une nostalgie persistante chez beaucoup de Français.
Brevet des collèges, baccalauréat… juin est le mois des examens
Le certificat d’études primaires créé par Victor Duruy en 1866 (confirmé par la loi Jules Ferry de 1882 qui rendait son organisation obligatoire dans chaque département), disparaît officiellement en 1989.
Le certif sanctionnait la fin de l’enseignement primaire élémentaire (entre 11 ans et 13 ans révolus jusqu’en 1936) et attestait de l’acquisition des connaissances de base (écriture, lecture, calcul, histoire géographie, sciences appliquées). Il a incarné l’idéal d’une république égalitaire et méritocratique, même s’il n’a guère récompensé, les meilleures années, que la moitié d’une génération. Familles et instituteurs ont longtemps pratiqué la sélection des candidats, pour des raisons économiques ou de prestige : on ne se présente pas au certificat, on y est présenté.
On peut estimer que 20 millions environ de certificats ont été distribués de 1880 au milieu des années 1960.
« Bachotage »
L’épreuve est préparée de longue date, avec des entraînements de plus en plus intensifs, comme il est de règle pour tout examen. Instituteurs et institutrices gardent les élèves après la classe, dès l’arrivée du printemps, les font venir le jeudi pour des rafales d’exercices supplémentaires. Ils seront prêts à affronter les croisements de trains, les robinets qui fuient et la série de dates de l’histoire de France.
Le jour du certif, une journée particulière
Cette journée est vécue comme une parenthèse exceptionnelle dans la vie quotidienne des candidats, garçons ou filles. Il faut d’abord se rendre “endimanchés” en pleine semaine au chef-lieu de canton où se déroule l’examen.
Début des épreuves : d’abord la dictée. Cinq fautes, c’est le zéro éliminatoire mais l’enfant bénéficiera peut-être de l’indulgence du correcteur chaque fois que la logique et l’analogie lui donnent raison contre l’arbitraire de la langue. Personne ne sait expliquer pourquoi pou ou genou prennent un x au pluriel. Pourront être acceptés : contreindre (comme étreindre), cantonier (comme timonier ou cantonal ) …
Viennent ensuite la rédaction, deux problèmes d’arithmétique, l’histoire et la géographie et le calcul mental. Personne ne perd de temps : aussitôt une épreuve finie, les membres de la commission de correction commencent à corriger les copies.
11 h 30 : fin des épreuves du matin.
La majorité des enfants déjeune sur place, mais pour certains, ce sera l’occasion de manger au restaurant pour la première fois, sans doute. Retour en classe pour les épreuves de l’après-midi : lecture expliquée et sciences, dessin, couture pour les filles, travail manuel pour les garçons ; récitation ou chant tiré au sort. L’épreuve de gymnastique a eu lieu quelques jours auparavant. Vers 16 heures, 16h30, tout est terminé.
L’attente paraît interminable avant la proclamation des résultats. “Sont reçus avec mention très bien…” Pleurs ou cris de joie !
Archives départementales du Finistère.